
L'homme et la femme s'arrêtèrent aussitôt, émerveillés par le spectacle qui s'offrait involontairement à eux.
- Mazette ! s'écria l'homme. Alors ça, c'est du bijou !
Les joues de Mme Barrymore rougirent aussitôt sous le coup de la surprise et de la colère.
- Voulez-vous bien fermer cette porte, imbécile ?! Vous voulez donc que tout le quartier sache ce qu'il se passe ici ?!
- Ah... Veuillez m'excuser, Brook ! Mais vous avouez que c'est plutôt tentant !
- Fermez donc cette porte !
- Quelle porte ?
- Celle de ce bureau, celle qui se trouve juste derrière vous !!
- Ah oui, soit ! Hé ! Hé ! se mit bêtement à rire le jeune homme, une main dans ses cheveux ondulés.
- Mazette ! s'écria l'homme. Alors ça, c'est du bijou !
Les joues de Mme Barrymore rougirent aussitôt sous le coup de la surprise et de la colère.
- Voulez-vous bien fermer cette porte, imbécile ?! Vous voulez donc que tout le quartier sache ce qu'il se passe ici ?!
- Ah... Veuillez m'excuser, Brook ! Mais vous avouez que c'est plutôt tentant !
- Fermez donc cette porte !
- Quelle porte ?
- Celle de ce bureau, celle qui se trouve juste derrière vous !!
- Ah oui, soit ! Hé ! Hé ! se mit bêtement à rire le jeune homme, une main dans ses cheveux ondulés.
Tandis qu'il se pressait d'obéir, sa compagne, une ravissante jeune femme blonde habillée d'une magnifique robe verte du début du siècle, dans le même style que celle de Brook Barrymore, s'avança lentement vers nous et posa sur l'actrice un regard ambigu de sens. Un adorable sourire moqueur naquit sur son visage.
- Mais dis-moi, Brook, j'ignorais que tu détenais là une telle merveille !
- C'est parce que je voulais éviter que tes yeux ne viennent la souiller ma chère !
- Si tu veux ne pas la voir ternir, évite donc plutôt de la mettre autour de ton cou de mégère !
- Ce sont mes mains que je vais mettre autour du tien, maudite peste ! hurla Mme Barrymore en remettant le collier à son mari.
- Allons, mesdames ! s'écria Gillette. Allons, du calme !
Les deux femmes étaient littéralement prêtes à se jeter dessus. Leur regard se lançait des éclairs. Le directeur et le compagnon de la nouvelle venue se précipitèrent pour les retenir, afin d'éviter que le pire n'arrivât.
Ce fut l'occasion de découvrir qu'en fin de compte les deux jeunes gens qui nous avaient rejoints ne formaient pas un couple. Lorsque la femme en vert sentit sur son bras les mains de l'homme, elle s'écarta brusquement pour s'arracher de son emprise.
- Oh ! Vous, ne me touchez pas !
Mais lorsqu'elle s'éloigna de lui, un déchirement se fit entendre. Nous comprîmes tous que cela venait de sa robe. Robe sur laquelle avait malencontreusement marché l'homme en voulant attraper son bras.
- Mais ? Mais ? Ma robe ! Qu'avez-vous fait à ma robe ?!
- Je suis désolé, Lee ! fit l'homme, rouge de confusion. Je suis infiniment désolé !
- Je vais jouer dans une dizaine de minutes, et vous ne trouvez rien de mieux à faire que de déchirer ma robe ?!
- Ce n'est rien ! Ce n'est rien !
Il se pencha pour examiner de près le postérieur de la jeune femme en vert, n'hésitant pas pour cela à y mettre la main.
- Voyez, c'est là. Il y a rien de grave. C'est juste quelques coutures qui ont sauté. Notre couturière, Mme Cleese, vous réparera ça facilement en quelques secondes.
- Vous arrachez ma robe, et maintenant vous vous permettez de me tripoter ! Monsieur, vous êtes un mufle !
Entendant cette réflexion, le jeune homme se redressa aussitôt, rougissant davantage et levant les mains bien haut. Pendant ce temps, Stephen S. Gillette intervint pour calmer l'atmosphère :
- Allons, Lee ! Vous connaissez suffisamment notre ami pour savoir qu'il ne pensait pas à mal. Et comme il vient de vous le dire, votre robe n'a pas subi de grands dommages. Quelques secondes suffiront pour arranger ça.
- Mais il m'a tout de même pincé les fesses !
- Il voulait juste se rendre compte de l'ampleur des débats.
- Je l'espère pour lui, mais la prochaine fois, sachez que... Mais je vois là deux messieurs que je ne connais pas.
- Messieurs Sherlock Holmes et le Dr Watson ! Ils viennent pour...
- Oh, monsieur Sherlock Holmes ! coupa la dénommée Lee en direction de Mme Barrymore. Décidément, ma chère Brook, on ne se refuse rien pour protéger ton trésor !
- Exactement, ma chère Lee ! rétorqua Mme Barrymore avec le même sourire. Aucune précaution n'est inutile face à des personnes de ton genre !
- Hmm ! Tes insinuations, ma chère Brook, témoignent de ta bassesse. Mr Holmes, permettez-moi de me présenter : Lee Rathbone, aimable membre de la troupe qui jouera devant vos yeux ce soir et qui partage la vedette de cette chère Mme Barrymore.
- Enchanté madame.
Pendant ce temps, le jeune homme nous avait rejoint à son tour.
- Ainsi donc, vous êtes Sherlock Holmes, le célèbre détective ? Savez-vous que l'un de mes rêves les plus secrets serait de vous faire connaître grâce à ma plume ?
- Mais mon ami, le Dr Watson, s'y emploie déjà.
- Comment ? Ah oui, le Dr Watson, hé hé... bégaya de nouveau le curieux bonhomme, plus rouge de minute en minute. Bien sûr, bien sûr ! Hé hé ! Mais ce n'est pas que je voulais dire... Je parlais d'écrire vos aventures pour la scène, pour le théâtre ! Euh, le Dr Watson n'a jamais ? Non ? Dans ce cas, je serai ravi d'adapter vos aventures pour le théâtre.
- Veuillez l'excuser, Mr Holmes ! sourit Stephen S. Gillette. Il s'agit de monsieur Neville Caine, l'auteur de la pièce de ce soir. Un écrivain de génie, mais l'un des pires gaffeurs d'Angleterre.
- Oh ! Gaffeur est un bien grand mot. Disons juste que je...
- Que vous ne pouvez pas vous empêcher de détruire tout ce que vous touchez, compléta Lee Rathbone, railleuse.
- Quelques petits riens !
- Ce sont à cause de ces petits riens que les pompiers de service ne veulent plus vous voir dans les coulisses.
- Craintes injustifiées ! se défendit Neville Caine.
- Vous avez tout de même involontairement décroché l'une des cordes du décor et failli mettre le feu au rideau avec votre cigarette.
- Ah non, ce n'était pas le rideau ! Juste l'écharpe de Mme Barrymore !
- Quoi ?! s'écria Brook Barrymore. C'est pour ça que je ne la retrouvais pas ! Vous l'avez cachée pour ne pas que je m'aperçoive que vous l'aviez détruite !
- Euh... se raidit Caine, se rendant compte de sa nouvelle bourde. Euh, non ! Finalement, je crois bien que c'était le rideau ! Ah oui, c'est ça, hé hé, le rideau !
Face à tous ces discours, Owen Cushing montra quelques signes d'impatience :
- Dites ! Et si nous revenions à l'Orange de Noël ? Je ne voudrais pas jouer les rabat-joie, mais la compagnie d'assurances m'en a confié la responsabilité, alors je n'aime guère le savoir entre les mains de tout le monde.
- Soit, soit ! admit Brett Williamson. Je souhaitais juste que Mr Holmes puisse le voir de ses propres yeux.
Il joignit le geste à la parole en le remettant à mon ami. Celui-ci leva l'Orange de Noël à la lumière afin de mieux l'examiner. Cushing ne le quittait pas des yeux, empli de méfiance. Ses yeux se braquèrent aussitôt sur moi lorsque Holmes me remit à son tour le collier.
Il était réellement magnifique. C'en était à en avoir le souffle coupé. Je pouvais aisément comprendre que le policier d'assurances pût ainsi se montrer extrêmement nerveux de voir des étrangers tenir entre leurs mains une telle merveille. A la place d'Owen Cushing, j'aurais sûrement eu la même réaction.
Pendant que je l'examinais, Holmes m'avait tourné le dos afin de s'adresser à Brett Williamson, Stephen S. Gillette et Mme Brook Barrymore.
- En voyant ce sublime joyau, je comprends que vous puissiez être assez nerveux. Si j'ai bien compris, vous souhaitez que je reste avec Mr Cushing pendant toute la représentation pour veiller le coffre-fort ?
- C'est cela même. Deux paires d'yeux valent toujours mieux qu'une seule.
- Cependant...
- Cependant ?
- Mon ami Watson m'a invité ici afin d'assister à une pièce de théâtre et je ne tiens pas à me priver de ce plaisir. D'après ce que j'ai cru comprendre, aucun risque ne menace réellement l'Orange de Noël. Vous éprouvez juste de l'appréhension de le sortir hors de sa cachette habituelle.
- Vous... vous voulez dire que vous refusez ?
- Oui, car je crois que ma présence n'est pas nécessaire. Et Mr Cushing me fait l'effet d'être quelqu'un de compétent.
- Ravi de vous l'entendre dire Mr Holmes, ricana à voix basse le policier privé en me présentant l'écrin avec impatience.
Comprenant le désir d'Owen Cushing, je déposai le collier et la fameuse Orange de Noël là où il voulait me les voir mettre. Ce fut fait et Cushing remit le couvercle sur l'écrin tandis que Holmes s'était retourné vers nous. Il revint à mes côtés et observa attentivement le retour du précieux écrin noir dans le coffre-fort.
Stephen S. Gillette rabattit la porte métallique et Owen Cushing fit jouer la clef pour le fermer dans les règles, nous faisant réécouter le lourd bruit du verrouillage.
- Voilà qui est fait ! Mesdames, messieurs, vous ne le reverrez désormais qu'après la représentation !
- Bien, sourit Mlle Lee Rathbone. Eh bien puisque ici le spectacle est terminé, je vais regagner ma loge afin que notre costumière puisse réparer la maladresse de Neville.
La ravissante blonde disparut sur ces paroles.
Pendant ce temps, Owen Cushing s'apprêtait à remettre la clef dans son gousset lorsque Brett Williamson l'interrompit d'un geste.
- Un instant, monsieur Cushing !
- Quoi donc ?
- Même si Mr Holmes refuse de vous aider à garder l'Orange de Noël, j'aimerais malgré tout lui demander un dernier service. Monsieur Holmes ?
- Je vous écoute.
- J'aimerais que vous gardiez sur vous la clef du coffre pendant toute la représentation. Lorsque celle-ci s'achèvera, vous reviendrez ici pour nous la rendre et ainsi, ma femme pourra se parer en vue de notre soirée de réveillon.
Trouvant l'idée assez curieuse, Holmes ne put s'empêcher de hausser un sourcil.
- Ce service ne me semble pas insurmontable. Je ne vois donc aucune objection à accepter cette proposition.
- Vous plaisantez ?! s'emporta Owen Cushing. J'en vois une, moi, d'objection. Je n'ai pas confiance en ce gentleman et je considère que ma poche est le seul endroit où doit se trouver cette clef.
Stephen S. Gillette tenta de le raisonner :
- Mr Cushing, rassurez-vous. Ce n'est pas que vous n'avons pas confiance en vous, sinon vous ne seriez pas ici, mais nous tenons juste à mettre toutes les chances de notre côté pour éviter le vol de l'Orange de Noël. Ainsi, monsieur Holmes aura la clef, moi la combinaison et vous, vous resterez ici afin de veiller sur le coffre et son contenu. Après tout, même si Sherlock Holmes était un imposteur, vous seriez toujours de garde dans cette pièce.
- Hm ! consentit avec difficulté le policier privé. Soit, soit ! Faisons comme cela, si vous êtes sûr de lui... Mais je vous préviens monsieur Holmes : si vous osez vous pointer ici au cours de la représentation, je refuserais de vous donner l'accès au coffre pour n'importe quel prétexte. Suis-je clair ?!
- Très clair, rétorqua Holmes. Mais vous n'avez rien à craindre, je n'ai pas l'intention de manquer une seule seconde de cette pièce.
Un peu plus rassuré, Cushing donna la clef à Holmes avant de regagner sa place. Puis nous nous séparâmes enfin. Nous regagnâmes notre loge tandis que nos interlocuteurs se dirigeaient vers les coulisses. La clochette qui recommandait aux spectateurs de gagner leur place se mit à retentir. Bientôt, le silence se posa dans la salle avant d'être rompu par les trois coups de brigadier.
Le rideau se leva. La pièce commença.
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On sait désormais que Brook n'a pas que des admirateurs...
Le décor est planté, tout paraît se dérouler sans accrocs.
Quelques rixes certes mais vite étouffées dans l'oeuf.
Le calme avant la tempête ?
Il faut trois personnes pour ouvrir le coffre :
la clé, la combinaison et le gardien...
Votre participation est bien entendu demandée.
Le troisième chapitre n'attend plus qu'un titre et il sera fini.
Merci d'avance pour vos commentaires et bonne lecture !