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Chapitre IX : une inconnue apparaît

Chapitre IX : une inconnue apparaît

Chapitre IX : une inconnue apparaît
Le détective amateur me certifia qu'il ne fallait pas retourner à Baker Street. Il craignait une embuscade. A ma grande surprise, nous prîmes le chemin de Pall Mall. Holmes m'entraîna dans l'appartement de son frère dont il crocheta la serrure de la porte d'entrée.
L'intérieur était confortable, avec des fauteuils de cuir profonds, des coffrets de liqueur exposés à toutes les tentations, des tableaux des écoles anglaises du XVIIIe siècle. Un vrai appartement de célibataire. Aucune présence féminine n'était perceptible. Je me calai dans un large fauteuil noir en poussant un soupir de soulagement. Holmes s'empara d'un flacon de cognac et nous remplit deux verres de cristal brillant.
- Il nous faut réfléchir posément. Mais j'ai besoin d'informations pour avancer. Vous allez rester ici, Watson. Je vais revenir d'ici peu.
Je me redressai violemment, une telle idée me fit bondir.
- Il en est hors de question mon cher !
- Allons Watson, soyez raisonnable. Je ne suis venu ici que pour vous mettre en lieu sûr.
- Je ne suis pas un objet dont on peut se débarrasser à la consigne.
- Watson. Vous êtes blessé. Je n'ai plus que la fin de cette journée pour comprendre comment Moriarty va tenter d'assassiner la Reine demain. Je ne peux pas veiller sur vous.
- Ce que vous dites est ignoble Holmes. Je ne suis plus un enfant !
- Justement, glapit Holmes, d'une voix suraiguë. Ne vous comportez pas comme tel !

Et il disparut en claquant la porte. J'eus une extrême envie de le suivre sans prendre garde à ses propos mais je lui aurai donné raison par un tel comportement infantile. Je m'assis dans un fauteuil et me préparai à ronger mon frein toute la journée.
En fait je n'eus pas à attendre trop longtemps car un événement imprévu arriva dans les heures qui suivirent. Alors que je m'endormais doucement, assommé par le cognac que j'avais ingurgité tantôt et la fatigue, quelqu'un força la porte d'entrée et pénétra dans l'appartement de Mycroft Holmes.
Je me dressai dans la pénombre du salon où je me trouvai et attendis le c½ur battant. Ce ne pouvait pas être Sherlock Holmes. Saisissant mon revolver, je me dirigeai vers la provenance du bruit. L'intrus se tenait dans le bureau personnel du frère de Holmes et semblait fouiller dans les tiroirs. J'entrai à mon tour, le plus discrètement possible et allumai la lumière. Surpris, ébloui, le cambrioleur se retourna vers moi, laissant s'échapper une pile de documents qu'il devait être en train de compulser. 
- Bonjour monsieur, souriais-je, content de mon petit effet.
L'inconnu m'observait, sans rien dire. C'était un tout jeune homme, une casquette enfoncée jusqu'aux oreilles sur la tête, un habit de coupe simple. Sans nul doute, un ouvrier.
- Pourrais-je savoir à qui j'ai affaire et ce que vous faites ici ?
Il ne me répondit pas, reprenant peu à peu de l'assurance. Je songeai que je n'arriverai certainement pas à le faire parler et regrettai amèrement que Holmes fût absent.
- Mon petit, je ne suis pas quelqu'un de violent mais s'il faut en arriver là, je le ferais sans hésiter, expliquai-je, le plus calmement possible, m'efforçant de croire à mes propres paroles. Je serais contraint de vous mener à la police. J'y ai des amis hauts placés.

Le jeune homme me regarda fixement. Il avait un visage très fin, presque féminin. Un éclat de rire cristallin s'échappa de sa gorge. A ma grande surprise, il retira délicatement sa casquette, dévoilant une cascade de cheveux blonds cendrés.
- Allons, docteur Watson ! Vous n'oseriez pas vous en prendre à une femme.
- Mais ?!
La femme qui se tenait devant moi était encore assez jeune. La vingtaine à peine passée. Elle me regardait de ses yeux profonds, sans crainte. Un petit sourire errait sur ses lèvres fines.
- C'est donc ici que Sherlock vous a caché. Je me demandais ce qu'il avait bien pu faire de vous après ce qui s'est passé cet après-midi.
- Que s'est-il passé ? M'enquis-je avec inquiétude.
- Vous l'ignorez ? Loyd est mort. Il a été assassiné dans sa cellule de Scotland Yard. L'inspecteur Lestrade est sur les nerfs et M. Holmes m'a envoyé chercher quelques documents.
Elle me sourit, visiblement elle ne voulait pas m'avouer toute la vérité.
- Holmes vous a envoyé ? Il ne m'en a rien dit.
- Vous vous trompez de Holmes, docteur Watson. Je suis aux ordres de Mycroft Holmes.
- Mais il est à l'hôpital. 
- Il n'est pas à l'agonie. Il est capable de continuer à mener cette enquête. Surtout après les maladresses de son frère !
- Quelles maladresses ?
- J'en ai déjà trop dit. Je suis en mission docteur, je ne peux me permettre le luxe de perdre du temps.
Sans transition, elle se retourna et continua à fouiller les documents devant elle. Intrigué par cette femme étrange, je m'approchai et l'observai. Visiblement, elle était ennuyée et ne trouvait pas ce qu'elle cherchait.
- Pourrais-je me rendre utile ? Risquai-je. Je connais bien les habitudes des frères Holmes. Que cherchez-vous ?
Elle me jeta un regard soupçonneux, ses yeux étaient d'un bleu lumineux. Enfin, comme si rien dans mon air serein ne l'avait alertée, elle décida de se jeter à l'eau.
- Nous savons qu'une livraison a été faite au professeur Moriarty ces derniers temps. Seulement nous n'avons pas le détail des marchandises. M. Holmes pense qu'il doit avoir quelque part le compte-rendu des différents produits en langage codé. Il n'a pas eu le temps de s'en occuper auparavant, conclut-elle avec amertume.
- Ce sont des produits chimiques. Sherlock Holmes a peur qu'ils ne servent à confectionner une bombe.

La cambrioleuse se tourna vers moi, une sourde inquiétude régnait dans son regard.
- Qu'est-ce qui peut l'amener à croire cela ?
- Cette bombe doit servir à un attentat contre la Reine demain.
- Mon Dieu, gémit-elle.
- Je sais, moi aussi je trouve cela terrible. Est-il possible que Mycroft Holmes ait le détail des produits ?
- Nous avons un homme qui s'est infiltré dans la bande de Moriarty mais il n'a pas réussi à grimper les échelons assez vite. Le professeur n'a pas confiance en lui. Néanmoins il a pu avoir accès à une des listes et nous la transmettre. Depuis nous n'avons pas eu d'autres nouvelles de lui.
- Seigneur, il faut vite retrouver ce papier. Cela peut avoir une importance vitale.
Je l'aidai à vider les tiroirs, jetant à terre des myriades de documents. En vain. L'appartement prit peu à peu l'aspect d'une pièce dévastée par une tornade. Nous étions désespérés.
- Où peut être ce satané papier ? M. Holmes n'a pas eu la possibilité de me l'expliquer en détail. Il était trop mal en point pour garder l'esprit clair plus longtemps.
Je ne me joignis pas à ses jérémiades. Je m'étais vanté de connaître les habitudes des frères Holmes et essayais maladroitement de les appliquer. Je me mis à parler à voix haute tout en déambulant dans la pièce afin de mettre mes idées au clair.
- Nous perdons notre temps, Sherlock Holmes ne cache jamais ses dossiers dans des tiroirs secrets ou des doubles-fonds. Il dit que c'est trop simple à trouver. Par contre, il emploie la méthode du détective d'Edgar Allan Poe.
L'étrange femme commençait à montrer des signes d'impatience.
- Je vous prie de vous presser, docteur. Je vous ai déjà dit que je n'avais pas la journée à perdre.
- Donc comme Dupin, Mycroft Holmes a dû cacher ses papiers importants dans un endroit visible, à portée de tous.
Cette fois, la cambrioleuse parcourra des yeux la pièce, enfin mes propos l'intéressaient.
- Je comprends le principe. Trouvons la cachette.

Nous fouillâmes méthodiquement les différents meubles du salon. Je tombai sur des photographies de Mycroft Holmes et de sa famille, des livres dont la lecture n'était pas terminée, des gravures sombres et austères. Je ne découvris rien d'autre. Soudain un cri de joie me fit bondir. Ma compagne s'était emparée d'un cadre de bois simple où se trouvait une photographie passée de Mycroft Holmes en costume, portant l'insigne discret du Club Diogène et en sortit un fin papier blanc écru. 
- Cher Mycroft ! Il a toujours un esprit taquin. 
Les yeux bleus et brillants, ma cambrioleuse replaça ses longs cheveux blonds sous le couvert de sa casquette et glissa l'enveloppe dans sa veste.
- Eh bien cher docteur Watson, je me vois dans l'obligation de vous abandonner.
Je me redressai et la dardai de mes regards, il n'était pas question que je ne sache l'entière vérité.
- Que m'avez-vous caché madame ? Où allez-vous ?
- Essayer de rattraper le temps perdu. Et peut-être sauver notre ami par la même occasion.
- Holmes ? Il lui est arrivé quelque chose ?
Je me sentis blêmir, il n'était parti que depuis quelques heures.
- Il a disparu peu après la découverte du corps de Loyd. Je dois le retrouver.
- Madame, permettez-moi de vous accompagner. Je ne peux rester inactif tandis que l'avenir de la Couronne est ainsi menacé.
Je taisais la raison plus impérieuse qui me poussait à vouloir agir, l'avenir de mon ami, Sherlock Holmes. Si jamais le professeur Moriarty avait réussi à mettre la main sur lui, je n'osais imaginer la suite.
Mon attitude résolue, peut-être mon regard, eurent raison des résistances de la cambrioleuse. Elle secoua sa tête avec un air las qui me rappela quelqu'un.
- Vous êtes impossible docteur Watson. Nous allons essayer de cacher un tant soit peu votre identité sous des frusques de Mycroft.
Ce disant, elle disparut dans les profondeurs de l'appartement vide pour n'en revenir que les bras chargés de vêtements. Il ne lui fallut pas longtemps pour donner à mon allure diminuée, un air imposant. Je possédais dorénavant un ventre rebondi, des favoris noirâtres du plus bel effet et un chapeau haut-de-forme immense. La vraie caricature du bourgeois parvenu. Quant à mes pansements, ils disparurent sous des couches de fards qu'elle sortit de ses poches.
- Me voilà méconnaissable !
- Seule la couleur de vos yeux rappellera à quiconque vous connaît une petite ressemblance avec l'original. Et maintenant, en route. Je suis trop bonne avec vous.
Nous quittâmes l'appartement de Mycroft Holmes et je suivis humblement le jeune ouvrier dans Pall Mall encombrée de passants. 

Mon guide m'entraîna jusqu'à l'hôpital Saint Bart où était soigné Mycroft Holmes. Il nous fallut de longues et précieuses minutes pour atteindre sa chambre sans nous faire intercepter. Enfin nous nous retrouvâmes bientôt devant le lit où se reposait M. Holmes. L'imposant frère de Sherlock Holmes était étendu, le visage serein, mais assez pâle. Un bref regard à ses fiches de soins, laissées sur la table, m'apprit que ses jours n'étaient pas en danger. Par contre une telle blessure sur le côté était forcément douloureuse et handicapante. Une intuition réveilla Mycroft Holmes et il posa sur nous un regard las. 
Une lueur brilla dans ses yeux lorsqu'il reconnut ma compagne. Par contre ma présence ne l'inquiéta aucunement.
- Toi ici ! Que va dire Sherlock lorsqu'il saura que tu es impliquée ?
- Il n'en saura rien. Pour lui je suis toujours à Manchester. Et c'est peut-être mieux ainsi pour tout le monde.
J'eus un petit pincement au c½ur, voilà la connaissance de Manchester qui devait veiller sur ma Mary. Je voulais l'interroger à ce sujet un peu plus longuement dès que nous serions dehors.
- Des nouvelles ? Souffla Mycroft.
La jeune femme eut un petit sourire et lui tendit la liste découverte à Pall Mall. Mycroft la remercia d'un bref signe de tête et regarda avec soin ce document.
- C'est bien ce qu'il me semblait. Une liste codée. Ce professeur de mathématiques se joue de nous jusqu'au bout. Blanchisserie, nourritures diverses et variées ! Aucun intérêt. Par contre les chiffres sont significatifs. Serait-ce la clé ?
- Il doit s'agir de produits chimiques, m'écriai-je. Pouvez-vous les déchiffrer ? 

Un regard noir accueillit mes propos, il venait de ma cambrioleuse, debout aux côtés de Mycroft. Celui-ci sourit avec bonhomie.
- Bien entendu, docteur Watson, mais je crains que cela ne nous soit d'un intérêt quelconque. Ce sont des produits chimiques et la chimie n'est vraiment pas mon point fort. Où est Sherlock ?
- Nous l'ignorons.
- Je vais m'efforcer de décoder cette liste. Trouvez mon frère et amenez-le moi. Nous aurons besoin de ses lumières.
- Mais il y a d'autres chimistes, pourquoi ne pas faire appel à quelqu'un d'autre ? m'écriai-je. Nous sommes pressés par le temps.
- Si mon raisonnement est juste, vos blessures viennent du bas-quartier de Londres, n'est-ce pas docteur ? Serait-ce Limehouse ? Moriarty doit y avoir un autre repère.
- Comment avez-vous pu le deviner ? 
Il éluda mes questions d'une manière bien holmésienne et je sentis la main de mon guide me saisir le bras pour m'entraîner loin de la chambre. Heureusement, car une infirmière arriva à cet instant et il s'en fallut de peu qu'elle ne nous découvre.
Chapitre IX : une inconnue apparaît
Nous quittâmes l'hôpital et nous nous retrouvâmes dans la rue. La femme avait retrouvé son aspect d'ouvrier. Nous devions former un drôle de couple, ma compagne déguisée en jeune prolétaire, moi en gros bourgeois aisé. Je saisis mon ouvrier par le bras et l'attirai contre moi.
- Vous êtes la connaissance de Holmes vivant à Manchester, n'est-ce pas ? Vous aviez reçu l'ordre de surveiller une jeune femme du nom de Mary ?
Elle se débattit mais de peur d'attirer les regards sur nous, elle se calma et prit un accent cockney bien imité.
- Comment le savez-vous ?
- C'est ma femme ! Où est-elle ?
J'accentuai involontairement ma pression sur son bras et elle se retourna vers moi, ses yeux bleus brillèrent intensément.
- Je ne peux pas vous le dire, mais elle est en sécurité. Ne vous inquiétez pas.
Je relâchai son bras et poussai un long soupir.
- J'espère que vous ne vous trompez pas, madame.
Elle retrouva son sourire charmeur qui détonnait sur son visage fin de jeune homme. Elle se rapprocha de moi et posa sa main sur mon bras.
- Et maintenant docteur ? Où commencer les recherches ?
- Je crains que nous n'arrivions pas facilement à mettre la main sur Holmes. Il était parti depuis presque deux heures lorsque vous êtes venue à Pall Mall.
- Est-il retourné à Baker Street ?
- Cela m'étonnerait. Il pense que son appartement est surveillé par les sbires de Moriarty. Et ils sont prêts à tout.
- Alors reprenons le départ de la piste. Scotland Yard et la mort de Richard Loyd.
- Il va nous falloir être très convaincants pour pouvoir accéder à l'inspecteur Lestrade.

Certes, cela fut assez complexe de retrouver Lestrade. Il était enfermé dans son bureau de Scotland Yard et interrogeait un par un les policiers chargés de la surveillance des cellules. L'assassinat de Loyd l'embarrassait au-delà de tout. Nous réussîmes après de longs palabres à nous faire admettre dans son bureau mais ce ne fut qu'après m'être débarrassé de toutes mes défroques que l'inspecteur Lestrade me reconnut enfin.
- Docteur Watson ? Que diable venez-vous faire ici à cette heure ? Et dans cet accoutrement ridicule ? Où est votre acolyte ?
Il jeta un regard méfiant sur le jeune homme m'accompagnant.
- Nous ne savons pas où il est justement. Auriez-vous une petite idée ?
Lestrade se mit à rire, visiblement la question l'amusait.
- Vous pensez sérieusement que Holmes m'a mis dans la confidence ?
- Non mais nous aurions besoin de le retrouver.
- Holmes est assez grand pour gérer ses affaires tout seul. Quel est le problème docteur ?
- C'est à propos de l'enquête.
- Je vous prierai d'être plus explicite, docteur, je n'ai vraiment pas de temps à perdre.
- Nous non plus, explosa ma compagne. Il s'agit de la vie de Sa Majesté !

Lestrade sembla abasourdi, il me jeta un regard surpris mais je ne pus qu'hocher la tête tristement.
- Diable ! Nous voilà dans de beaux draps, dit-il calmement. Je comprends que vous recherchiez Holmes. Peut-on avoir des détails ?
- Il semblerait qu'un attentat se prépare à l'encontre de la Reine pour demain. Un attentat à la bombe. Demain Sa Majesté doit donner son accord pour un projet de loi et des criminels veulent s'y opposer.
- La police européenne de Sir Edward Harlyn ?
Je souris. Lestrade n'était pas aussi stupide que Holmes se plaisait à le clamer.
- J'ai reçu de la part de notre superintendant le détail des évènements concernant l'arrivée de la Reine, mais c'est l'inspecteur Gregson qui devra s'en charger. L'attentat de ce matin m'a coûté la confiance de mon chef, espérons que cela ne me coûte pas plus.

Pauvre Lestrade, dure enquête que ce crime à Buckingham Palace.
- Pourrions-nous être mis dans la confidence ?
- Mes chefs s'y opposeraient farouchement, cela est strictement confidentiel.
- Monsieur Lestrade, vous préférez être tenu pour le responsable de l'assassinat de la Reine ou pour le héros qui a permis de la sauver ?
Ma compagne souriait ironiquement. Décidément son visage fin me rappelait confusément quelqu'un. Lestrade nous observa tous deux, puis en poussant un long soupir, il nous tendit un document officiel.
- Que je n'ai pas à le regretter docteur Watson !
- N'ayez crainte mon cher Lestrade. Seuls les évènements précédant l'accord de la loi nous intéresse.
Et à ma grande surprise, la Reine était attendue ce soir par le train de vingt heures et non demain.
- Mais la Reine a avancé l'heure d'arrivée.
- Elle en avait parlé, docteur Watson. Elle a malheureusement eu vent de ce qui s'est passé dans son palais de Buckingham et elle n'est pas contente.
Lestrade me jeta un regard fatigué et sourit avec lassitude.
- Je crois que plusieurs personnes vont connaître des changements de poste prochainement et certainement pas des promotions.

Le silence retomba dans la pièce, Lestrade observait ses petites mains sèches. Soudain, il me regarda.
- Au fait, Holmes est parti dès qu'il a appris que la Reine avait avancé l'heure de son retour.
- Cette nouvelle vous était connue depuis longtemps ?
- C'est arrivé peu après l'enlèvement de Braineson ce matin. Quelle journée noire !
Je repris la lecture du document. La Reine allait donc arriver vers vingt heures par le train officiel. De la gare, un long trajet empli de cérémonial et surprotégé devait conduire la Reine à son palais de Buckingham où les membres du gouvernement la recevraient avec toute la solennité voulue. Suivrait un repas officiel. Le lendemain, à dix heures, la Reine devait partir pour le Parlement où elle allait donner son accord au projet de loi. Le tout se ferait pompeusement, solennellement, lentement sous le regard des régiments de Horse Guards et des bobbies de Scotland Yard.
- Où est la faille ?
- Il n'y en a aucune docteur, répliqua Lestrade, fâché.
- Il y a forcément un moment où la Reine sera vulnérable, un moment où personne ne pourra la secourir directement, où elle sera tuée.
- Vous semblez prendre vraiment au sérieux cet attentat contre la Reine. Est-ce une idée de Holmes ?
- Hélas, oui Lestrade.
Le petit inspecteur se releva et prit un air décidé.
- Très bien. Je ne suis pas au mieux avec mon collègue mais je vais en parler à l'inspecteur Gregson. Nous allons fouiller ensemble tous les lieux où se trouvera la Reine ce soir et demain. Nous passerons la nuit à le faire s'il le faut mais nous déjouerons ce lâche attentat !
- Merveilleux Lestrade.
- De toute façon, que je reste cloîtré ici ou non ne changera rien. Je vais sûrement perdre ma place à Scotland Yard.
- C'est ce que votre chef vous a dit ?
- Pas exactement mon cher Watson. Pas exactement.

Il nous jeta un regard et eut un petit sourire narquois.
- Quant à vous deux, tâchez de disparaître. Je ne veux pas vous voir piétiner mes plates-bandes.
- Mais !
Puis soudain, comme si une brusque illumination lui était venue à l'esprit, Lestrade me regarda intensément.
- Au fait mes hommes m'ont parlé d'une violente dispute entre Holmes et Loyd cet après-midi, que pouvez-vous m'en dire ?
Cette fois, je ne sus quoi répondre, mon guide me tira une fois de plus par la manche. Nous nous apprêtions à sortir lorsque Lestrade, l'air de rien, me lança :
- Je jette l'éponge Watson, mais vous direz à M. Sherlock Holmes que cela ne doit jamais plus se reproduire. Je ne serais plus en mesure de le couvrir une deuxième fois.
Et nous quittâmes Scotland Yard. Je devais être devenu blême car la femme se pencha vers moi, inquiète.
- Cela ne va pas docteur ?
- Si si, ne vous inquiétez pas. Que pensez-vous de notre affaire ?
Elle me sourit gentiment, consciente des efforts que je faisais pour changer de conversation. 
- Ce document n'est pas inutile, je connais bien la pompe des familles royales. J'ai souvent assisté à ces démonstrations.
- Vous avez une idée ?
Sans me répondre, ma compagne posa un doigt sur ses lèvres et me sourit.

Ma compagne m'entraîna dans les rues de Londres. Je remarquai avec admiration qu'elle parvenait à effacer de sa démarche le moindre balancement féminin. Elle tanguait comme l'aurait fait un jeune dandy arrogant. Elle réussissait à forcer tout son corps et son être à jouer la comédie de si belle manière que cela demandait un sens du théâtre qu'elle ne pouvait avoir appris que sur les planches. C'était une artiste, une comédienne sans nul doute. Je n'arrêtais pas de me torturer l'esprit à son sujet lorsqu'elle me fit monter dans un fiacre. Elle s'assit à mes côtés, laissant ses regards errer sur la rue. Son fin visage était racé, elle avait un profil noble. Dieu, où avais-je vu cette femme ?
- Eh bien docteur ? Vous voilà bien silencieux tout à coup, pensez-vous à notre affaire ?
Je sursautai et me raccrochai à la planche de salut qu'elle me tendait.
- Oui, je me demandai où pouvait bien se trouver Sherlock Holmes en cet instant. Il m'avait dit qu'il voulait réfléchir afin de concevoir son plan d'attaque.
Elle eut un délicieux regard rêveur et me répondit en souriant.
- Je ne me fais pas trop de soucis à son sujet. Il arrive toujours à se sortir des situations les plus impossibles.
- Vous le connaissez depuis longtemps ?
Elle se tourna et me regarda fixement, dévoilant ses belles dents blanches dans un langoureux sourire. Elle se pencha vers moi avec un petit air mutin.
- Docteur, vous n'essayez tout de même pas de me faire parler ?
- Je...
- Vous êtes adorable. Et vous, pourriez-vous me dire pour quelle raison notre ami s'en serait pris violemment à ce pauvre Loyd peu avant sa mort ? Cela devait être assez grave pour que l'inspecteur Lestrade vous jette un tel avertissement. Un mouvement de colère de Sherlock est si rare, qu'a-t-il bien pu faire ?
- Je ne vois pas de quoi vous voulez parler, mentis-je d'une toute petite voix.

Elle eut un rire franc, cristallin en penchant délicatement la tête sur le côté. Décidément je la connaissais cette femme étonnante.
- Qui êtes-vous madame ? Je vous connais mais n'arrive pas à remettre la main sur votre nom.
- Il est caché depuis si longtemps, ne cherchez plus. Mais revenons à notre affaire voulez-vous ? Nous allons visiter quelques amis du Club Diogène envers qui j'ai toute confiance. Je suis plus sûre de leur action pour trouver cette bombe que de l'ensemble des policiers de Scotland Yard.
Nous fîmes comme elle avait décidé. Nous passâmes au Club Diogène où elle réussit à se faire accepter à ma grande stupeur. Je découvris alors l'envers du décor. Le Club Diogène n'était pas qu'un Club pour personnalités misanthropes et asociales, cette étiquette ne servait qu'à faire fuir les gens simples à l'instinct grégaire. 
Par contre, dans les caves de ce vénérable établissement se cachait une organisation secrète. Je crus comprendre à ce que je vis, à ce que j'entendis qu'elle avait des objectifs nobles et patriotiques, elle voulait sauvegarder les intérêts du Royaume-Uni où qu'ils soient dans le monde !
Holmes avait-il raison de penser que quelque chose reliait le Diogène Club et le gouvernement anglais ?

Ma compagne se débarrassa de sa casquette et rejetant sa longue chevelure blonde, elle m'abandonna dans un recoin pour s'entretenir avec une demie douzaine de personnages. Je me sentais fortement inopportun, une fois de plus on m'abandonnait à la consigne. Enfin, au bout de dix minutes de discussion acharnée, elle revint vers moi, le sourire aux lèvres.
- Tout marche pour le mieux docteur. Mes amis vont se disperser et observer avec circonspection toutes personnes suspectes s'approchant des lieux où se tiendra la Reine.
- Et le carrosse ?
- J'y ai pensé, ne vous en faites pas. Ils vont mettre la main dessus et l'examiner.
- Voilà une équipe efficace. Et nous, que faisons-nous ?
- La même chose, mais nous allons superviser les différentes équipes. Direction : la gare d'arrivée de la Reine, ce sera notre quartier général.
Elle souriait. Visiblement le jeu l'amusait au-delà de tout, et j'en fus fâché. Il y allait de la vie de plusieurs personnes, ma femme, la Reine, Holmes, pour ne citer que les plus importantes à mes yeux.
Elle m'entraîna dans une autre pièce. Une immense penderie où elle nous choisit de nouveaux costumes. Je me retrouvai bientôt habillé simplement, et me sentis redevenir moi-même. Quant à ma compagne, elle avait retrouvé un aspect plus féminin. Une adorable robe bleue indigo l'enveloppait, accentuant l'éclat de ses yeux azur. J'en eus le souffle coupé. Elle me sourit narquoisement. Puis nous repartîmes, le ventre vide. Je sentis mes blessures me relancer et mes craintes me serrer le c½ur.

Cette fin d'après-midi fut longue. Nous suivîmes nos équipes dans les différents sites. La gare, le Parlement, enfin Buckingham Palace. Je n'y étais pas revenu depuis le début de cette enquête. Cela me sembla si loin, alors que quatre jours seulement s'étaient passés. Ma compagne observa la façade. Aucun drapeau ne flottait sur le toit, attestant l'absence de Sa Majesté.
Nous marchâmes longtemps cet après-midi-là. Les hommes du Club Diogène purent accéder à tous les sites devant mes yeux surpris. De quel pouvoir occulte disposaient-ils ? Mais tout ceci se fit en vain.
Nous revînmes à la gare, ma compagne ne décolérait pas. Elle gronda ses hommes, les renvoyant à leur recherche. Nous étions fatigués, assis sur un banc devant les quais déserts. Lestrade arriva bientôt à la gare à son tour, en compagnie de ses hommes et de Gregson. Aussitôt nous fûmes entourés.
- Que faites-vous ici ? Cria Lestrade, fâché.
- Avez-vous trouvé quelque chose ? M'enquis-je, inquiet.
Lestrade secoua la tête, visiblement gêné.
- Strictement rien, tout est tranquille. Nous avons fouillé, interrogé durant les quelques heures qui nous restaient. Holmes a dû se tromper. Il n'y a aucune bombe. 
- Personne ne peut entrer dans ces endroits sans y être autorisé, ajouta Gregson en souriant. Et ils sont surveillés depuis des heures. Pour une fois, M. Holmes s'est fourvoyé.
- Nous n'avons rien trouvé non plus. Holmes s'est bel et bien trompé, admis-je. Mais cela ne change rien au fait que la vie de la Reine est menacée.
Lestrade retrouva le sourire et me désigna les rangs de policiers, les régiments de Horse Guards qui commençaient à arriver. Bientôt les membres du gouvernement allaient apparaître. La Reine n'allait plus tarder.
- Que voulez-vous qu'ils fassent Watson ? Nul ne pourra accéder au train pour jeter une bombe. Il y a tant de policiers, de soldats. J'ai doublé le nombre de personnes d'encadrement par rapport à ce matin pour le défilé. Tout est sous contrôle.
- Vous devez avoir raison Lestrade. Holmes s'est trompé, reconnus-je sans joie.






--------------------------------------
 
Chapitre suivant.
On sent que l'étau se resserre
et qu'il ne reste plus que quelques heures...
Mais où est donc passé Sherlock ?
Qui est cette femme ?
La Reine est-elle vraiment menacée par une bombe ?
Autant de questions qui restent sans réponses.

Le détective amateur me certifia qu'il ne fallait pas retourner à Baker Street. Il craignait une embuscade. A ma grande surprise, nous prîmes le chemin de Pall Mall. Holmes m'entraîna dans l'appartement de son frère dont il crocheta la serrure de la porte d'entrée. L'intérieur était confortable, avec des fauteuils de cuir profonds, des coffrets de liqueur exposés à toutes les tentations, des tableaux des écoles anglaises du XVIIIe siècle. Un vrai appartement de célibataire. Aucune...

Suite
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#Posté le samedi 14 décembre 2013 06:24

Modifié le samedi 15 février 2014 07:50

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La-Tasse-de-The, Posté le samedi 18 novembre 2017 09:36

Re,

Après ce départ précipité toute à l'heure, me revoilà ! Je suis bien installée, ma tasse de thé (mon inséparable) à côté de moi pour m'accompagner dans cette lecture !

Alors, qu'est-ce que j'ai à dire sur ce chapitre comme remarques ?

1. En fait je n'eus pas à attendre trop longtemps car un événement imprévu arriva dans les heures qui suivirent.

Je mettrais une virgule ici : En fait, je n'eus pas à attendre trop longtemps car un événement imprévu arriva dans les heures qui suivirent.

2. - Que s'est-il passé ? M'enquis-je avec inquiétude.

pas de majuscule à l'incise

3. - Pourrais-je me rendre utile ? Risquai-je. Je connais bien les habitudes des frères Holmes. Que cherchez-vous ?

idem

4. Nous quittâmes l'appartement de Mycroft Holmes et je suivis humblement le jeune ouvrier dans Pall Mall encombrée de passants.

>> C'est un peu bizarre pour un bourgeois parvenu de suivre humblement un ouvrier non ?

5. - Des nouvelles ? Souffla Mycroft.

pas de majuscule à "souffla"

6. - Que faites-vous ici ? Cria Lestrade, fâché.
- Avez-vous trouvé quelque chose ? M'enquis-je, inquiet.

pas de majuscule

_____________________
Décidément son visage fin me rappelait confusément quelqu'un.
>> Ne serait-elle pas parente avec Holmes ?

Cette mystérieuse femme ne manque ni de charme, ni de ressources, je l'aime bien.

C'est quand on s'y attend le moins que la bombe va sauter évidemment !

Je vais continuer sur ma lancée !

À tantôt,

Célia


get-sherlock, Posté le mardi 04 février 2014 18:43

Effectivement ce chapitre, je l'ai lu aussi, j'aime les réactions de Watson ! Dès le début c'est épique l'échange. L'idée de déguiser Watson m'a bien plu, excellente description je trouve.
Watson qui a enfin des nouvelles de sa chère et tendre x) Ah ! Et ce cher Lestrade, cela faisait longtemps.

Il y a une tournure où j'ai tilté : ''ces temps derniers'' ça se dit ? Je ne savais même pas, j'ai toujours lu ''ces derniers temps''

Pour ce qui est de la forme, impeccable comme toujours, ton texte est bien aéré. Les scènes sont fluides, on suit les personnages sans problème, les lieux sont suffisamment détaillés pour qu'on puisse nous aussi s'immerger dans l'environnement fictif.
En ce qui concerne la longueur de tes chapitres, il est vrai qu'ils sont assez longs. Le coup de faire la publication en deux étapes est une très bonne initiative qu'il ne faudrait pas perdre de vue. En plus de la bannière qui divise ton chapitre, personnellement je suis moins paumée dans les lignes, on se repère plus facilement ainsi :) En tout cas, la longueur de celui-là est bien plus court que le précédant, c'est parfait en ce qui me concerne.

Je vais pouvoir lire la suite, c'est bon les mises à jour sont à jour ! ;p Où est passé Holmes ? Good question... Idem pour cette mystérieuse inconnue. Par contre la Reine menacée j'y crois, ce serait pas drôle sinon ! Ou alors, ce n'est pas elle qui est réellement visée... peut-être une autre personne de Buckingham Palace ? (Ces questions sont évidemment comme si je pensais à voix haute, les réponses apparaîtront dans les prochains chapitres I know~)


BilboTheHobbit, Posté le mercredi 25 décembre 2013 13:42

Ah... dur :$ une chose de positive , c'est pour la bonne cause mais bon , tu me dira nous aussi avec Angèle on l'a fêter principalement hier enfin bonnous sommes de tout coeur avec toi , on compatis : )
L'orange de noel , rien que le titre je sens que ça promet =3


sherlockology, Posté le mercredi 25 décembre 2013 13:30

BilboTheHobbit a écrit : "Cela dit j'espère que tu as passé une bonne journée ? =)
J'ai hâte pour le chapitre 10 alors =D et encore plus pour celuid e noel , même si c'est en retard , pour moi ça ne me pose aucun problème !
"

Euh j'ai étudié quoi ;) On a fêté noël hier et aujourd'hui je suis resté seul à la maison. Je peux déjà te donner un scoop : il s'appellera l'orange de noël !


BilboTheHobbit, Posté le mercredi 25 décembre 2013 13:28

Cela dit j'espère que tu as passé une bonne journée ? =)
J'ai hâte pour le chapitre 10 alors =D et encore plus pour celuid e noel , même si c'est en retard , pour moi ça ne me pose aucun problème !


sherlockology, Posté le mercredi 25 décembre 2013 13:24

BilboTheHobbit a écrit : "Seconde partie au top !
Je ne te cache pas qu'à la fin je suis restée sur ma faim (ça rime) x3
Mais c'est bien ça qui est génial Tommy ! Merci pour cette délicieuse partie =3 oui je dis délicieuse parce qu'en mangeant une part de bûche de noel je me suis régalée à lire cette suite =D *racontesavie*
Bref encore merci parce que d'un côté c'est un pitit cadeau de noel que tu nous a fait là , j'ai pris beaucoup de plaisir en ce jour très pluvieux ^-^
"

Ben y en a qui ont de la chance ! ^^ Normalement le chapitre X devrait montrer le bout de son nez aujourd'hui soir :) Et une fiction de noel est prévue aussi ! (elle sera en retard mais tant pis)


BilboTheHobbit, Posté le mercredi 25 décembre 2013 13:20

Seconde partie au top !
Je ne te cache pas qu'à la fin je suis restée sur ma faim (ça rime) x3
Mais c'est bien ça qui est génial Tommy ! Merci pour cette délicieuse partie =3 oui je dis délicieuse parce qu'en mangeant une part de bûche de noel je me suis régalée à lire cette suite =D *racontesavie*
Bref encore merci parce que d'un côté c'est un pitit cadeau de noel que tu nous a fait là , j'ai pris beaucoup de plaisir en ce jour très pluvieux ^-^


sherlockology, Posté le lundi 23 décembre 2013 05:21

little--talks a écrit : "Holmes dans l'erreur? Ow, shocking! Je n'y crois pas vraiment. S'il est de notoriété publique que Moriarty peut déjouer les forces de police à peu près indéfiniment, je serais très étonnée qu'il trompe Holmes encore une fois. La disparition de notre détective cache sûrement une découverte de sa part, un rebondissement, un coup de théâtre, bref, une suite des plus intéressantes. Je m'arrête là pour les conjectures : nous verrons bien.

Passons plutôt à mon avis sur les huit chapitres que je viens de lire. J'avais déjà fait un début de critique sur le premier chapitre, mais, comme dit, ce n'était que le début, et, par conséquent, l'avis ne pouvait pas être bien complet. Voici donc un commentaire qui, j'espère, reflétera convenablement ce que j'ai globalement pensé de ma lecture.

Commençons par le fond (intrigue, personnages) :

Je me dois tout d'abord de te dire bravo. De manière générale, je suis sincèrement admirative face à l'engagement que représente l'écriture d'une histoire policière. Ayant moi-même essayé la chose plusieurs fois, je pense être bien placée pour dire que c'est extrêmement éprouvant. Commencer par réfléchir longuement, dérouler l'intrigue dans sa tête, jusqu'au bout, afin de ne rien laisser au hasard et, surtout, introduire chaque élément de l'histoire au bon moment... C'est très, très dur. Ça demande une patience que je n'ai encore jamais eue, et que j'admire chez toi. Bravo pour ça, donc.

Bravo également parce que cette patience n'a pas été vaine et donne un résultat d'un niveau ma foi très appréciable. Tu introduis la plupart des indices de manière judicieuse, soit dans les descriptions, soit dans les fameuses remarques sibyllines et apparemment sans rapport de Holmes (sa réplique sur Lloyd et les coffre-forts américains, dans le chapitre 4, par exemple). Lesdites remarques, amusantes de par le fait qu'elles sont typiques du détective, sont également une sorte de défi lancé à nos méninges, nous poussant à chercher des liens, à essayer de voir plus loin. J'aime beaucoup être mise au défi dans ma lecture. Parfois, tel ou tel terme employé dans tes descriptions déclenchait une sorte de déclic, et je tirais une conclusion que Holmes tirait lui-même quelques lignes plus tard. C'était très intéressant. Ainsi, dans le chapitre 2, alors que Holmes et Tenderley parlent de John Spencer, Tenderley évoque le fait que le criminel commettait des cambriolages très impressionnants et prévenait toujours courtoisement la police de son prochain méfait. Ce détail m'a nettement fait penser à Arsène Lupin, et c'est cette comparaison qui, dès qu'il a été dit que Spencer s'était un jour soudain mis à tuer, m'a fait dire « Mmh... m'est avis qu'on a profité du fait qu'il prévenait de ses crimes pour lui mettre les meurtres sur le dos ». En lisant la suite, j'ai été assez fière de mon coup. Te lire fait du bien à l'ego, c'est te dire si j'apprécie xD

Par contre, je me suis peut-être parfois un peu perdue, surtout du point de vue des personnages. Il en arrive toujours des nouveaux, parfois plus d'un à la fois, c'est un peu dur à suivre. Comme le dit Watson lui-même à un moment: « Trop de personnages s'échelonnent dans cette affaire, Holmes ». Cette réplique est d'ailleurs un peu ambivalente. Elle peut signifier que le trop-plein de personnages fait partie d'un tout réellement calculé par « the ultimate bad guy » pour troubler le détective et Watson, mais elle peut aussi être vue comme ton propre commentaire en tant qu'auteur (toi en train de te dire : « Ça y est, je me perds moi-même », en somme). Il faut faire attention. Mais ça, c'est une remarque très personnelle : je ne pense pas que tous les lecteurs aillent chercher la petite bête à ce point, ne t'en fais pas. Et dis-toi que si je vais ainsi chercher le négatif dans les détails, c'est que la base est très réussie et que seules les petites choses restent à améliorer.

Je me suis aussi un peu perdue dans l'intrigue elle-même, à un moment, mais Dieu merci la séquence d'explications de Lloyd dans le chapitre 4 est venue me remettre les idées en place. Encore une fois, j'ai beaucoup aimé voir les détails mentionnés « innocemment » plus tôt s'additionner pour expliquer le mystère (ex : la reine partie à Balmoral = garde restreinte = Sir Edward choisit ce moment pour un RDV).

Sherlock se sentant manipulé (justement parce que cette séquence d'explications s'est un peu trop bien passée) est quelque chose d'assez rare pour être noté. Immédiatement, l'idée d'un ennemi tirant les ficelles dans l'ombre m'a fait penser à Moriarty. Et pour quiconque n'aurait pas compris dès le départ, tu as ajouté d'autres indices : crime organisé, université, professeur. L'idée de la loi sur la police internationale (bien joué, cette sorte de pré-création d'Interpol) est également un autre indice intéressant : quoi de plus menaçant pour un criminel aussi « mondial » que plusieurs polices unies et s'échangeant leurs informations?
En deux mots : bravo pour le gros vilain.

De manière plus générale, j'ai beaucoup aimé l'ambiance instaurée, ainsi que les scènes d'action. Ces deux éléments m'évoquent vraiment les films de Guy Ritchie, et ça, c'est bien. Pour moi, en tout cas (je ne sais pas si tel était ton but) ^^

Au niveau des personnages... Bon, comme dit plus tôt, je me suis un peu perdue, quelques fois, mais je pense être capable de cerner au moins les personnages principaux.

Sherlock Holmes : Sa description physique me laisse parfois perplexe, parce que tu utilises (je crois) la description du Holmes du canon, alors que, globalement (et vues les images utilisées pour ta déco et l'illustration des chapitres), je ne peux pas m'empêcher de penser à RDJ. Ainsi, fatalement, dès qu'il s'agit du « visage anguleux » et des « yeux gris perçants », je tique un peu (j'ai même parfois carrément tendance à penser à Benedict Cumberbatch ^^). Ce n'est qu'un trouble mineur, toutefois.
Pour la psychologie, je n'ai pratiquement rien à redire. On retrouve le Holmes qu'on aime : sibyllin, conscient de sa supériorité, décocheur de réparties cinglantes professionnel, ami fidèle, ambivalent face aux femmes (à l'aise avec les prostituées, à la limite de la gêne avec la mère de Wiggins), figure paternelle auprès de ses francs-tireurs, silencieux parfois, intenable souvent, passionné, aventureux... Sa relation avec Mycroft est à la fois drôle et touchante. On reconnaît leur rivalité, mais leur affection ressort également, particulièrement lorsque Mycroft est blessé... Ma seule réserve concernerait le moment qui suit cet incident : lorsque Holmes va voir Lloyd en prison pour lui faire avouer l'adresse de Moriarty. La façon dont il le fait avouer, très violente, m'a paru légèrement « out of character », déplacée. Je ne connais pas assez le canon pour dire si le Holmes « original » aurait été du genre à agir ainsi, mais j'ai en tout cas beaucoup de mal à imaginer le Holmes de RDJ le faire. Encore une fois, il s'agit probablement d'une question d'interprétation. Peut-être que ce sont les termes employés qui m'ont gênée (le « regard dément », entre autres). En tous les cas, à la place de Watson, je lui aurais réellement pris son revolver. Et je lui aurais jeté un bon seau d'eau à la figure. Non mais x)

Watson, parlons-en : Je l'aime, ce personnage. Vraiment, il me plaît. Peut-être parce qu'il est le narrateur, et donc celui qui nous « fait le cadeau » de nous raconter l'histoire... Ou peut-être parce que c'est un gentleman, médecin de l'armée, courageux, amical, drôle, bref, l'homme de ma vie. Je m'égare. Mais je trouve que tu le retranscris bien. On voit d'intéressantes facettes de lui. Sa sensation d'être laissé sur la touche, souvent... C'est quelque chose que je n'avais pas encore vu dans les interprétations que j'ai vues/lues de lui. Sinon, il a quelques petits moments « out of character » lui aussi, notamment lorsqu'il utilise le terme « volaille » pour désigner un groupe de femmes (un peu bizarre, pour un homme aussi courtois que lui). Mais ça, ce n'est plus tant un problème de fond qu'un problème de forme.

Donc, pour la forme (style, vocabulaire...) :

Comme dit, quelques problèmes au niveau des mots choisis. Mais rien qui détourne l'attention du principal.
L'écriture est d'un niveau beaucoup plus élevé que celui qu'on retrouve généralement sur Internet. Il est cependant ce qu'on peut qualifier d' « inégal ». Tantôt il est brillant (je suis très sérieuse), calibré juste comme il faut et fait très « roman », tantôt il fait un peu trop familier, ou, à l'inverse, trop grandiloquent. Ce problème-là se retrouve surtout dans les dialogues. Certains sont très naturels et parfaitement dans le ton de l'époque et des filmes de Ritchie (bravo!), mais certains donnent l'impression qu'ils ont été sortis d'un paragraphe de description. Ainsi, dans le chapitre 4, quand Lloyd dit « Un autre jour se leva, celui de la mort de mon amie », on constate quelque chose d'un peu « artificiel » dans la réplique. « Un autre jour se leva : celui de la mort de son amie » est une phrase que je verrais mieux en narration; elle est un petit peu trop poétique pour le registre employé habituellement pour les dialogues – dialogues qui, je le répète, sont souvent très bien calibrés et très agréables à lire.

Un autre problème, mineur mais revenant très souvent, est au niveau de la ponctuation. De nombreuses phrases (souvent les courtes phrases suivant une réplique) auraient besoin de virgules, tandis que d'autres auraient besoin d'être coupées par des points ou des deux points plutôt que des virgules. Quelques exemples.

« - Il vous prévenait de ses forfaits ? m'enquis-je (,) assez surpris. »
« Holmes se radoucit, enfin conscient de l'état du pauvre garçon (,) et lui posa la main sur l'épaule gentiment. »
« Je n'osais pas inspecter les lieux (:) trop de tableaux, de photographies gênaient ma pudeur. »

Finalement, quelques verbes de parole (dire, lancer, s'écrier) m'ont donné l'impression de mal cadrer avec leur contexte. (Par exemple, dans le chapitre 9, Holmes « glapissant » pour dire à Watson de ne pas se comporter en enfant. « Rétorquer » ou « lâcher » auraient sans doute été plus appropriés.)

Mais tout cela n'a en rien empêché l'intrigue de progresser et de... eh bien, de m'intriguer. Je réitère mon admiration pour ton entreprise. Oui, oui, écrire une histoire policière est une entreprise. Une entreprise des plus complexes que, mis à part quelques petits hics, tu mènes avec brio. On voit que tu mets le gros de tes efforts dans la cohérence des faits, le déroulement de l'action et l'arrivée au bon moment de chaque pion sur l'échiquier. Et ces efforts portent leurs fruits : l'histoire se tient et les personnages la portent très bien – en plus d'être attachants et de nous embarquer sans problème dans leurs aventures. C'est avec plaisir que je revenais à ma lecture dès que je pouvais, et c'est avec plaisir que je lirai la suite et la fin d'Un crime à Buckingham Palace.

À bientôt, donc. Encore bravo! Je te souhaite de continuer à t'améliorer (jusqu'à la publication, qui sait? (;)
"

Holmes dans l’erreur est utilisé ici pour attirer les lecteurs qui ne sont pas vraiment habitué à le voir si désemparé. Mais je ne t’en dirais pas plus si ce n’est que tu es dans le bon x)

Je te remercie pour la patience dans le fond car oui comme tu le dis si bien, une nouvelle policière ne se fait pas en claquant des doigts ! J’ai dû chaque fois me mettre dans ma bulle pour espérer avoir un résultat convenable à la hauteur de mes espérances.

La question des indices m’a prise énormément de temps. Surtout que je suis très méticuleux pour cela. Mon secret est que je commence toujours mes fictions par la fin, c’est-à-dire que j’ai déjà le coupable et la scène finale. Ensuite, je ne fais que démarrer mais dans le sens inverse en cherchant les indices et les détails qui orientent au mieux (ou non) le lecteur. Bref ces détails sont donnés en quelque sorte à celui qui veut résoudre l’énigme avec les mêmes éléments que le détective. C’est une sorte de défi entre le lecteur et le héros. Le petit clin d’½il à Lupin est vraiment fait exprès, je suis étonné que tu aies pu le deviner.

Mon gros défaut est et restera mes personnages. Tu fais bien de me le rappeler, c’est une chose, une erreur dont j’ai pleinement conscience. Dans ma volonté de bien faire tout en élargissant mon répertoire de protagonistes, je m’en vais dans des eaux troubles dont moi seul peux en sortir. Difficile alors au lecteur de comprendre ce qui lui arrive. La réplique de Watson : « Trop de personnages s'échelonnent dans cette affaire, Holmes » est volontairement mise par moi (l’auteur parle de la bouche même du narrateur dans ce cas-ci) pour, en quelque sorte m’excuser auprès des visiteurs. J’ai besoin aussi de critiques moins positives sinon je ne m’améliorerai pas !

Pour Moriarty, je peste un peu intérieurement car j’ai trop lâché de détails flagrants à son sujet. J’aurais voulu l’introduire un peu plus tard, faisant ainsi élargir son ombre menaçante sur nos deux héros. Interpol vient de ma volonté de créer une histoire avec quelques éléments historiques pour faire plus vrai.

Pour ce qui est de Sherlock, ma volonté est de refaire tout à l’identique de Robert Downey Jr. Comme dans les films en fait. Concernant sa description physique, je ne la respecte pas à 100% non plus, en essayant de mêler à la fois le Holmes de la BBC, celui de la Warner et enfin, le vrai de Conan Doyle. C’est tout simplement une volonté de toucher un public plus large dans l’univers holmésien. L’accident avec Loyd est également volontaire. En tant que propre auteur de cette fiction, j’ai pris la liberté de montrer mon Sherlock comme moi je le verrais idéalement. C’est ce côté plus agressif que j’ai ajouté car dans tous ceux que j’ai vu, c’est bien la seule chose qu’il manquait selon moi. Et puis c’est aussi une manière de me positionner et de me démarquer des autres fictions holmésiennes par ma différence du caractère. Holmes agressif est peut-être aussi la conséquence d’un surplus de séries policières aux interrogatoires corsés x)

Je suis content que Watson te plaise. A vrai dire, j’espère le montrer plus proche de nous à la manière dont Holmes est éloigné de lui comme de nous. Il sert d’intermédiaire entre le lecteur et Sherlock ne l’oublions pas. Pour ce qui est de la volaille, c’est encore une facette de ma personnalité à me démarquer des autres styles. Mais le fait de le montrer largué dans l’intrigue est une manière aussi de le remettre au premier plan en lui dédiant un chapitre entier rien que pour lui seul et sans Sherlock !

L’utilisation de mots sortant de l’ordinaire devient extrêmement complexe pour moi au fur et à mesure que j’avance dans mon histoire. Je veux hausser le niveau mais pas à bon escient parfois, martyrisant au passage la langue française. C’est le cas aussi de la ponctuation qui est à revoir.

Le final sera explosif, je ne t’en dis pas plus pour garder ta soif de lire intacte. Je te remercie pour ton commentaire plus qu’instructif et à la prochaine. Bonne route aussi à toi ainsi qu’à tes fictions qui valent le détour également !


little--talks, Posté le dimanche 22 décembre 2013 21:15

Holmes dans l'erreur? Ow, shocking! Je n'y crois pas vraiment. S'il est de notoriété publique que Moriarty peut déjouer les forces de police à peu près indéfiniment, je serais très étonnée qu'il trompe Holmes encore une fois. La disparition de notre détective cache sûrement une découverte de sa part, un rebondissement, un coup de théâtre, bref, une suite des plus intéressantes. Je m'arrête là pour les conjectures : nous verrons bien.

Passons plutôt à mon avis sur les huit chapitres que je viens de lire. J'avais déjà fait un début de critique sur le premier chapitre, mais, comme dit, ce n'était que le début, et, par conséquent, l'avis ne pouvait pas être bien complet. Voici donc un commentaire qui, j'espère, reflétera convenablement ce que j'ai globalement pensé de ma lecture.

Commençons par le fond (intrigue, personnages) :

Je me dois tout d'abord de te dire bravo. De manière générale, je suis sincèrement admirative face à l'engagement que représente l'écriture d'une histoire policière. Ayant moi-même essayé la chose plusieurs fois, je pense être bien placée pour dire que c'est extrêmement éprouvant. Commencer par réfléchir longuement, dérouler l'intrigue dans sa tête, jusqu'au bout, afin de ne rien laisser au hasard et, surtout, introduire chaque élément de l'histoire au bon moment... C'est très, très dur. Ça demande une patience que je n'ai encore jamais eue, et que j'admire chez toi. Bravo pour ça, donc.

Bravo également parce que cette patience n'a pas été vaine et donne un résultat d'un niveau ma foi très appréciable. Tu introduis la plupart des indices de manière judicieuse, soit dans les descriptions, soit dans les fameuses remarques sibyllines et apparemment sans rapport de Holmes (sa réplique sur Lloyd et les coffre-forts américains, dans le chapitre 4, par exemple). Lesdites remarques, amusantes de par le fait qu'elles sont typiques du détective, sont également une sorte de défi lancé à nos méninges, nous poussant à chercher des liens, à essayer de voir plus loin. J'aime beaucoup être mise au défi dans ma lecture. Parfois, tel ou tel terme employé dans tes descriptions déclenchait une sorte de déclic, et je tirais une conclusion que Holmes tirait lui-même quelques lignes plus tard. C'était très intéressant. Ainsi, dans le chapitre 2, alors que Holmes et Tenderley parlent de John Spencer, Tenderley évoque le fait que le criminel commettait des cambriolages très impressionnants et prévenait toujours courtoisement la police de son prochain méfait. Ce détail m'a nettement fait penser à Arsène Lupin, et c'est cette comparaison qui, dès qu'il a été dit que Spencer s'était un jour soudain mis à tuer, m'a fait dire « Mmh... m'est avis qu'on a profité du fait qu'il prévenait de ses crimes pour lui mettre les meurtres sur le dos ». En lisant la suite, j'ai été assez fière de mon coup. Te lire fait du bien à l'ego, c'est te dire si j'apprécie xD

Par contre, je me suis peut-être parfois un peu perdue, surtout du point de vue des personnages. Il en arrive toujours des nouveaux, parfois plus d'un à la fois, c'est un peu dur à suivre. Comme le dit Watson lui-même à un moment: « Trop de personnages s'échelonnent dans cette affaire, Holmes ». Cette réplique est d'ailleurs un peu ambivalente. Elle peut signifier que le trop-plein de personnages fait partie d'un tout réellement calculé par « the ultimate bad guy » pour troubler le détective et Watson, mais elle peut aussi être vue comme ton propre commentaire en tant qu'auteur (toi en train de te dire : « Ça y est, je me perds moi-même », en somme). Il faut faire attention. Mais ça, c'est une remarque très personnelle : je ne pense pas que tous les lecteurs aillent chercher la petite bête à ce point, ne t'en fais pas. Et dis-toi que si je vais ainsi chercher le négatif dans les détails, c'est que la base est très réussie et que seules les petites choses restent à améliorer.

Je me suis aussi un peu perdue dans l'intrigue elle-même, à un moment, mais Dieu merci la séquence d'explications de Lloyd dans le chapitre 4 est venue me remettre les idées en place. Encore une fois, j'ai beaucoup aimé voir les détails mentionnés « innocemment » plus tôt s'additionner pour expliquer le mystère (ex : la reine partie à Balmoral = garde restreinte = Sir Edward choisit ce moment pour un RDV).

Sherlock se sentant manipulé (justement parce que cette séquence d'explications s'est un peu trop bien passée) est quelque chose d'assez rare pour être noté. Immédiatement, l'idée d'un ennemi tirant les ficelles dans l'ombre m'a fait penser à Moriarty. Et pour quiconque n'aurait pas compris dès le départ, tu as ajouté d'autres indices : crime organisé, université, professeur. L'idée de la loi sur la police internationale (bien joué, cette sorte de pré-création d'Interpol) est également un autre indice intéressant : quoi de plus menaçant pour un criminel aussi « mondial » que plusieurs polices unies et s'échangeant leurs informations?
En deux mots : bravo pour le gros vilain.

De manière plus générale, j'ai beaucoup aimé l'ambiance instaurée, ainsi que les scènes d'action. Ces deux éléments m'évoquent vraiment les films de Guy Ritchie, et ça, c'est bien. Pour moi, en tout cas (je ne sais pas si tel était ton but) ^^

Au niveau des personnages... Bon, comme dit plus tôt, je me suis un peu perdue, quelques fois, mais je pense être capable de cerner au moins les personnages principaux.

Sherlock Holmes : Sa description physique me laisse parfois perplexe, parce que tu utilises (je crois) la description du Holmes du canon, alors que, globalement (et vues les images utilisées pour ta déco et l'illustration des chapitres), je ne peux pas m'empêcher de penser à RDJ. Ainsi, fatalement, dès qu'il s'agit du « visage anguleux » et des « yeux gris perçants », je tique un peu (j'ai même parfois carrément tendance à penser à Benedict Cumberbatch ^^). Ce n'est qu'un trouble mineur, toutefois.
Pour la psychologie, je n'ai pratiquement rien à redire. On retrouve le Holmes qu'on aime : sibyllin, conscient de sa supériorité, décocheur de réparties cinglantes professionnel, ami fidèle, ambivalent face aux femmes (à l'aise avec les prostituées, à la limite de la gêne avec la mère de Wiggins), figure paternelle auprès de ses francs-tireurs, silencieux parfois, intenable souvent, passionné, aventureux... Sa relation avec Mycroft est à la fois drôle et touchante. On reconnaît leur rivalité, mais leur affection ressort également, particulièrement lorsque Mycroft est blessé... Ma seule réserve concernerait le moment qui suit cet incident : lorsque Holmes va voir Lloyd en prison pour lui faire avouer l'adresse de Moriarty. La façon dont il le fait avouer, très violente, m'a paru légèrement « out of character », déplacée. Je ne connais pas assez le canon pour dire si le Holmes « original » aurait été du genre à agir ainsi, mais j'ai en tout cas beaucoup de mal à imaginer le Holmes de RDJ le faire. Encore une fois, il s'agit probablement d'une question d'interprétation. Peut-être que ce sont les termes employés qui m'ont gênée (le « regard dément », entre autres). En tous les cas, à la place de Watson, je lui aurais réellement pris son revolver. Et je lui aurais jeté un bon seau d'eau à la figure. Non mais x)

Watson, parlons-en : Je l'aime, ce personnage. Vraiment, il me plaît. Peut-être parce qu'il est le narrateur, et donc celui qui nous « fait le cadeau » de nous raconter l'histoire... Ou peut-être parce que c'est un gentleman, médecin de l'armée, courageux, amical, drôle, bref, l'homme de ma vie. Je m'égare. Mais je trouve que tu le retranscris bien. On voit d'intéressantes facettes de lui. Sa sensation d'être laissé sur la touche, souvent... C'est quelque chose que je n'avais pas encore vu dans les interprétations que j'ai vues/lues de lui. Sinon, il a quelques petits moments « out of character » lui aussi, notamment lorsqu'il utilise le terme « volaille » pour désigner un groupe de femmes (un peu bizarre, pour un homme aussi courtois que lui). Mais ça, ce n'est plus tant un problème de fond qu'un problème de forme.

Donc, pour la forme (style, vocabulaire...) :

Comme dit, quelques problèmes au niveau des mots choisis. Mais rien qui détourne l'attention du principal.
L'écriture est d'un niveau beaucoup plus élevé que celui qu'on retrouve généralement sur Internet. Il est cependant ce qu'on peut qualifier d' « inégal ». Tantôt il est brillant (je suis très sérieuse), calibré juste comme il faut et fait très « roman », tantôt il fait un peu trop familier, ou, à l'inverse, trop grandiloquent. Ce problème-là se retrouve surtout dans les dialogues. Certains sont très naturels et parfaitement dans le ton de l'époque et des filmes de Ritchie (bravo!), mais certains donnent l'impression qu'ils ont été sortis d'un paragraphe de description. Ainsi, dans le chapitre 4, quand Lloyd dit « Un autre jour se leva, celui de la mort de mon amie », on constate quelque chose d'un peu « artificiel » dans la réplique. « Un autre jour se leva : celui de la mort de son amie » est une phrase que je verrais mieux en narration; elle est un petit peu trop poétique pour le registre employé habituellement pour les dialogues – dialogues qui, je le répète, sont souvent très bien calibrés et très agréables à lire.

Un autre problème, mineur mais revenant très souvent, est au niveau de la ponctuation. De nombreuses phrases (souvent les courtes phrases suivant une réplique) auraient besoin de virgules, tandis que d'autres auraient besoin d'être coupées par des points ou des deux points plutôt que des virgules. Quelques exemples.

« - Il vous prévenait de ses forfaits ? m'enquis-je (,) assez surpris. »
« Holmes se radoucit, enfin conscient de l'état du pauvre garçon (,) et lui posa la main sur l'épaule gentiment. »
« Je n'osais pas inspecter les lieux (:) trop de tableaux, de photographies gênaient ma pudeur. »

Finalement, quelques verbes de parole (dire, lancer, s'écrier) m'ont donné l'impression de mal cadrer avec leur contexte. (Par exemple, dans le chapitre 9, Holmes « glapissant » pour dire à Watson de ne pas se comporter en enfant. « Rétorquer » ou « lâcher » auraient sans doute été plus appropriés.)

Mais tout cela n'a en rien empêché l'intrigue de progresser et de... eh bien, de m'intriguer. Je réitère mon admiration pour ton entreprise. Oui, oui, écrire une histoire policière est une entreprise. Une entreprise des plus complexes que, mis à part quelques petits hics, tu mènes avec brio. On voit que tu mets le gros de tes efforts dans la cohérence des faits, le déroulement de l'action et l'arrivée au bon moment de chaque pion sur l'échiquier. Et ces efforts portent leurs fruits : l'histoire se tient et les personnages la portent très bien – en plus d'être attachants et de nous embarquer sans problème dans leurs aventures. C'est avec plaisir que je revenais à ma lecture dès que je pouvais, et c'est avec plaisir que je lirai la suite et la fin d'Un crime à Buckingham Palace.

À bientôt, donc. Encore bravo! Je te souhaite de continuer à t'améliorer (jusqu'à la publication, qui sait? (;)


get-sherlock, Posté le samedi 21 décembre 2013 10:03

La musique très bien pour ce début de chapitre, il me tarde de lire la suite :) Toutes les questions que tu poses, en effet, on aimerait bien avoir les réponses ^^


sherlockology, Posté le lundi 16 décembre 2013 06:23

BilboTheHobbit a écrit : "Wow ! °.° Début de chapitre excellent mais dis donc oui en effet , ça en fait des questions sans réponses ! >-<
J'aime énormément le personnage de Mycroft dans ce début de chapitre Tommy ! =3
Je veux vite lire la suite : ) C'est une fois encore un régal de te lire !
"

Merci pour ton avis précieux :)


BilboTheHobbit, Posté le dimanche 15 décembre 2013 18:28

Wow ! °.° Début de chapitre excellent mais dis donc oui en effet , ça en fait des questions sans réponses ! >-<
J'aime énormément le personnage de Mycroft dans ce début de chapitre Tommy ! =3
Je veux vite lire la suite : ) C'est une fois encore un régal de te lire !


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    Création : 24/12/2012 à 07:56 Mise à jour : 08/01/2018 à 13:48

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